Sénatoriales 2020 : les partis traditionnels répondent à l’appel

Sénatoriales 2020 : les partis traditionnels répondent à l’appel

Peu connues du grand public, les élections sénatoriales constituent pourtant un rendez-vous essentiel dans la répartition du pouvoir législatif en France.

Tous les trois ans, la moitié des sièges du Palais du Luxembourg est renouvelée. Dans les départements concernés, c’est un collège de «grands électeurs », constitué à 95% d’élus municipaux, qui vote pour élire les sénateurs.

Représentants des territoires, les candidats ont aussi souvent une longue expérience de « terrain », forts de leur mandats municipaux, départementaux ou régionaux passés. C’est donc logiquement que les couleurs politiques du Sénat reflètent en partie celles des résultats aux élections municipales.

Ainsi, la percée des Verts lors des élections municipales de mars et juin dernier a naturellement été suivie par une seconde percée à la chambre haute, il est vrai grâce à une alliance avec la gauche dans plusieurs départements. Avec 6 sièges d’élus supplémentaires, les verts peuvent désormais constituer un groupe.

Tandis que les socialistes ont perdu quelques sièges, les grands gagnants du scrutin sont, sans surprise, la droite et le centre. Avec 76 mandats renouvelés et une dizaine de sièges supplémentaires, le groupe Les Républicains reste majoritaire et, avec l’Union centriste, confirme la traditionnelle tendance conservatrice du Sénat.

Comme attendu, ces élections n’ont pas été un succès pour le parti présidentiel LREM. Toutefois, il n’est pas entièrement à blâmer : alors que la chambre haute du Parlement est celle du temps long, il est compréhensible qu’un parti créé il y a moins de 5 ans n’ait pas eu le temps de consolider un réseau d’élus locaux d’envergure. De fait, le parti n’existait pas encore lors des dernières élections départementales et régionales.

LREM espère pourtant aujourd’hui créer un groupe de la « majorité présidentielle » au sein du Sénat, afin de compenser ce manque d’ancrage territorial. Celui-ci rassemblerait les élus centristes du Modem et d’Agir, jusqu’à présent répartis au Palais du Luxembourg entre les groupes Indépendants-Liberté et territoires (RTLI) et Union Centriste.

Enfin, ces élections ont aussi rappelé que les partis traditionnels restent bien ancrés dans les territoires malgré une moindre représentation à l’Assemblée Nationale. Si les chances de réélection d’Emmanuel Macron en 2022 semblent aujourd’hui réelles, des alternatives crédibles tardant à émerger, il est également possible que les législatives qui suivraient ne soient pas aussi aisées pour le parti du Président qu’en 2017. Des circonscriptions LREM pourraient aisément rebasculer à droite ou au profit de la gauche traditionnelle.

Avec un Sénat de droite continuant de jouer son rôle « d’empêcheur de tourner en rond » d’un côté et une Assemblée Nationale sans majorité forte de l’autre, un second mandat du Président Macron pourrait se révéler plus délicat dans l’exercice du pouvoir.

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